
Travail domestique
Travailleuses domestiques au Burkina Faso : un slam pour avancer vers les droits
Découvrez comment avec un slam, Sakinatou Ouedraogo, Présidente de l’Association de Défense des Droits des Aide-ménagères et Domestiques du Burkina Faso (ADDAD), lève la voix pour montrer la voie de la dignité des travailleurs domestiques.
16 juin 2025
Ouagadougou (Nouvelles de l’OIT) – Ce 16 juin, à l’occasion de la Journée internationale des travailleurs domestiques, Sakinatou Ouedraogo, Présidente de l’Association de Défense des Droits des Aides-ménagères et Domestiques du Burkina Faso (ADDAD), fait entendre un texte vibrant. À travers un slam, elle incarne les douleurs, les espoirs et la dignité de celles que l’on réduit souvent à « la bonne » ou « la petite ».
Dans les foyers, les marchés ou les grandes villas de Ouagadougou et d’ailleurs, elles sont nombreuses, discrètes, dévouées — souvent mineures, toujours sous-protégées. Au Burkina Faso, le travail domestique a un visage plus féminin car plus de 75% des travailleurs domestiques sont des femmes, selon les estimations de l’OIT[1]. La quasi-totalité de ces travailleuses œuvrent dans l’informalité, sans contrat écrit, sans couverture sociale, en toute méconnaissance des mécanismes de recours en cas de harcèlement, d’abus ou de licenciement injustifié.

Et pourtant, elles portent sur leurs frêles épaules silencieuses, la vie quotidienne de milliers de familles. Invisibles, elles sont partout. Mais leur voix, elle, est rarement entendue.
Pour tous ces travailleurs invisibles, Sakinatou , slame.
Élevez la voix pour celles qu’on n’entend pas !
Elles ont l’âge des cahiers,
Mais portent déjà le poids des balais.
Leurs rêves tressés comme leurs cheveux,
Se perdent dans les silences des foyers.Petites mains au service des grands,
Invisibles dans le tumulte du temps.
Chaque assiette lavée est une enfance volée,
Chaque ordre crié, une dignité piétinée.Mais elles ne sont pas nées pour se taire,
Ni pour plier sous la poussière.
Elles sont l’avenir que l’on doit protéger,
Le présent qu’on refuse d’ignorer.Levez-vous, cœurs humains !
Brisez les chaînes, ouvrez les chemins.
Que la justice soit leur abri,
Et la tendresse, leur seul cri.
Un cri du cœur : un acte de mobilisation.
À travers le projet AGRIDOM, l’OIT soutient les efforts du Burkina Faso et des organisations telles que l’ADDAD pour faire avancer la reconnaissance juridique, la formation, la protection sociale et la dignité des travailleurs domestiques.

« Mais pour donner une portée concrète et durable à ces engagements, il est essentiel que le Burkina Faso franchisse une étape déterminante : la ratification de la Convention n°189 de l’OIT. Le projet AGRIDOM accompagne le Burkina Faso dans ce processus », assure Traoré Alassane, Coordonnateur du projet AGRIDOM, pour qui ce slam de Mme Ouédraogo, ‘’reconnaît le travail domestique comme un véritable travail et appelle à garantir aux travailleurs domestiques les mêmes droits que tous les autres travailleurs : conditions de travail décentes, sécurité sociale, protection contre les abus, car le travail domestique est un travail à part entière qui implique les mêmes droits que ceux dont bénéficient les travailleurs des autres secteurs d’activités.’’
« Ratifier la Convention 189, c’est affirmer que les travailleuses domestiques ont pleinement leur place dans notre droit du travail et dans notre société. Le 16 juin n’est pas une fin, mais un point de départ. Un appel à agir pour que plus jamais, les travailleurs domestiques ne soient laissés de côté et que les foyers ne soient pas des zones de non-droit», lance M. Traoré.
[1] 1 Rapport OIT 2022, Faire du travail décent une réalité pour les travailleurs domestiques